L’écriture inclusive

L’écriture inclusive fait couler beaucoup d’encre

L’écriture inclusive vise à rétablir l’égalité entre les hommes et les femmes en proposant une orthographe plus égalitaire dans la langue de Molière. Elle suscite de vifs débats, surtout depuis la publication, en septembre 2017, d’un manuel scolaire de l’éditeur Hatier utilisant cette graphie.

Une écriture, trois principes

L’écriture inclusive préconise trois principes:

  • Au singulier, l’accord des fonctions, titres, métiers ou grades en fonction du genre. On parle ainsi d’une auteure ou d’une autrice, d’une pompière, d’une chroniqueuse, d’une chercheuse, etc.
  • Le masculin ne l’emporte plus sur le féminin, par exemple au profit de l’accord de proximité qui consiste à accorder l’adjectif avec le sujet le plus proche. Ainsi, on dira « les garçons et les filles sont égales ». Cette règle de proximité, que tous les latinistes connaissent, a longtemps été d’usage en français. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’Académie française a aboli cette règle au nom de la prédominance du masculin, comme l’a édicté le grammairien Scipion Dupleix « conseiller du Roy » en 1651.Dans la foulée de ce principe, l’écriture inclusive propose d’utiliser à la fois le féminin et le masculin lorsqu’on parle d’un groupe de personnes. Comment ?
    • En utilisant la double flexion – «les candidates et candidats»;
    • En ayant recours au «point milieu», aussi appelé «point médian» – les «candidat·e·s» –les «électeur·rice·s»;
    • Soit enfin par une reformulation épicène, c’est-à-dire un nom qui a la même forme aux deux genres – «les personnes candidates»; que les journalistes s’efforcent d’utiliser.
  • Dernier principe fondateur de l’écriture inclusive, éviter l’emploi d’ «hommes» ou «femmes» au profit de termes plus fédérateurs comme «les droits humains» au lieu des «droits de l’homme».

Le tri parmi quelques idées reçues sur l’écriture inclusive

«L’écriture inclusive se réduit au point médian»

Pour ses détracteurs résumant souvent l’écriture inclusive au point médian, elle ne fait que multiplier les difficultés rencontrées. Pour des raisons de prononciation et de compréhension, il est en effet impossible de dire à voix haute «les interlocuteur·rice·s». Mais l’usage des abréviations dans l’écriture fonctionne de la même façon que le (·). Quand on lit «Mme Durand», le cerveau lit «Madame Durand». «Les interlocuteur·rice·s» deviendraient donc spontanément «les interlocuteurs et interlocutrices».

«Il va falloir féminiser tous les noms»

Non ! L’écriture inclusive ne vise pas le genre des noms communs puisqu’ils ne sont pas le marqueur d’une domination d’un groupe d’individus sur un autre. Pas question, donc, de féminiser «un tabouret», «un paillasson », «un lave-linge», ni de masculiniser «une machine à laver», «une serviette» ou une «douche».

«Les féministes veulent l’imposer partout»

Une crainte des opposants à l’écriture inclusive est de la voir se généraliser à tous les écrits, notamment dans les romans. Eliane Viennot, professeure émérite de littérature à l’université et auteure de « Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin » met un bémol: «Pas de faux procès, nous ne voulons rien imposer en littérature ! Nous parlons des sciences humaines, des textes officiels, scolaires ou journalistiques, qui cherchent l’exactitude. Pour éviter la cacophonie, il faut établir des conventions, elles sont en cours d’élaboration, nous sommes encore en phase d’expérimentation…» Une chose est sûre, l’écriture inclusive risque encore de faire couler beaucoup d’encre.

Pour en savoir plus à ce sujet, consultez le Manuel d’écriture inclusive écrit par Raphaël Haddad, fondateur de l’agence de communication Mots-Clés.