Un bébé seule

Un bébé seule, le pouvoir et le droit d’une femme de choisir son bonheur

A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme qui a lieu cette semaine, plusieurs de mes collègues ont pris l’initiative d’écrire un blog. Pour ma part, j’ai choisi de partager une expérience personnelle.

De multiples événements peuvent conduire une femme à choisir d’être parent seul. Une de ces raisons est l’absence de « la rencontre » qui mène à la construction d’une famille.

Il y a peu, la norme pour les femmes était de se marier, de rester à la maison pour s’occuper des enfants pendant que son époux travaillait pour faire vivre sa famille.

Quand j’étais enfant, j’ai été bercée de contes de fée réconfortants : «Ils vécurent heureux, se marièrent et eurent beaucoup d’enfants». En grandissant, le discours a évolué vers: «Toutes les casseroles ont un couvercle, tu trouveras le tien», pour finalement en arriver à: «tu n’es seulement pas tombée sur le bon». Comme si, dans tous les cas, il fallait nécessairement un compagnon pour qu’une femme fasse sa vie ou soit heureuse. Cependant, dans mon cas, la rencontre n’a pas eu lieu. Le prince charmant tant attendu n’est jamais arrivé ou alors, il a pris beaucoup de retard !

Après une réflexion mûrement approfondie, j’ai décidé de faire un enfant seule à 39 ans.

Enfanter est une belle aventure mais qui demande aussi une dose de persévérance et de courage, surtout quand on est seule. Outre la procédure en PMA (procréation médicalement assistée) : psychologue, tests gynécologiques, prises de sang régulières, il y a tout un parcours psychologique personnel qu’il faut effectuer pour parvenir à la décision qui nous engage, seule, pour la vie.

Être une femme célibataire qui décide d’avoir un enfant demande, en outre, d’avoir confiance en sa capacité à assumer son choix en matière de stabilité financière, de structures de soutien et logistique et d’équilibre psychologique. Il faut se sentir suffisamment en sécurité, être bien dans sa tête et dans son corps.

A côté de cela, il y a aussi l’entourage : les amis, la famille, les collègues etc. dont il faut pouvoir entendre les avis, même si ceux-ci ne partage pas unanimement notre vision de la maternité.

La société n’impose plus de «norme ». Cependant, j’ai pu constater que des a priori existent encore et il faut pouvoir les affronter. Certains considèrent le choix de devenir mère célibataire comme de la folie ou de l’égoïsme. D’autres considèrent que les mères célibataires doivent pratiquement être dotées de supers pouvoirs pour assurer l’avenir de leur progéniture ou encore être riches. Enfin, il y a tous ceux qui trouvent cela magnifique qu’une femme seule puisse choisir d’être mère et l’assumer.

Pour ma part, je ne me considère pas comme une héroïne même si je dois bien avouer, qu’il m’arrive de réaliser quelques exploits au quotidien. Je me vois tout au plus comme une femme pionnière, parmi d’ autres, qui a fait un choix transcendant les principes de la sociologie traditionnelle.

Vivre dans un Etat où les droits des femmes sont en constante évolution a rendu ceci possible. Il y a, en effet, encore de nombreux pays où ce serait plus compliqué, voire impossible.

Je vois ma décision de vie comme l’opportunité d’accueillir, de rencontrer et d’accompagner mon enfant dans son développement et sur le chemin de son épanouissement, sans minimiser sa blessure identitaire.

Je suis heureuse d’être une femme qui a eu la chance et le droit de choisir son bonheur.